Mystère et boule de gomme [libre]

BoyzZz Nombre de messages : 69 Age : 37 Date d'inscription : 08/04/2008

Le soleil était à peine levé lorsque les pas de Thomas foulèrent le feuillage de la forêt. À cette époque de l'année, les petits bourgeons laissaient passé la lumière du soleil pour éclairer les premières pousses d'herbe, habillant l'atmosphère d'un voile doré quasi-magique. C'était la période de l'année que Thomas préférait.. C'était un renouveau, un espoir renaissant, le moment où la nature se réveillait d'un long hiver. En même temps, Thomas se sentirait de moins en moins seul, puisque les animaux commençaient à sortir de leur tanière d'où ils avaient hiberné.

Depuis qu'il travaillait pour le botaniste de l'école, Thomas était resté au même endroit et visitait toujours les mêmes lieux. D'un côté, il s'ennuyait d'aventures, mais de l'autre, il avait apprit à connaitre chaque créature qui vivait dans les environs. Il les connaissait par chœur et se faisait une joie de les retrouver à chaque printemps. D'ailleurs, il venait de reconnaître le chant de Guizmo et de sa compagne, qui revenait probablement du Sud. Le petit geai se posa sur son épaule et se mit à gazouiller allègrement. Les lèvres du demi-elf s'étirèrent joyeusement.

- Moi aussi je suis heureux de te revoir, Guizmo. L'automne prochain, essaie de mieux cacher ta casa. Tu allais te faire voler ton nid par quelques vilains moineaux, mais j'ai eu la brillante idée d'emmener ton nid chez moi en attendant ton retour. Tes ailes me remercieront, surtout après un long voyage comme ça!

Guizmo s'envola sur une branche où l'attendait sa compagne... et 4 petits rejetons !

- Hey! Mais c'est pas la saison encore !! Rebelle jusqu'au bout des griffes, Guizmo ??

Il caressa du bout des doigts les plumes fragiles des petits oisillon. Il faudra aller chercher le nid plus vite que prévu. Après un si long voyage, les petits devaient être exténuer et ils ne pourrait pas dormir ainsi sur une branche nue. Il salua la petite famille et rebroussa chemin, longeant le ruisseau avoisinant. Le rivage dégelait tranquillement, et le courant s'accentuait de jour en jour. Il soupira en pensant à Guizmo et sa compagne... Il venait d'avoir 25 ans. À cet âge-là, son père était déjà tombé dans les bras de sa mère et cette dernière était même déjà enceinte des jumelles. Thomas n'avait jamais songé à unir sa vie à quelqu'un, mais après des années à voir et à côtoyer les couples heureux du campus, il ne pouvait plus renier cet instinct humain. Il avait envie de partager les rires, les peines et les joies d'une femme qui aimerait ce qu'il était... Mais à chaque fois, il en venait au même résultat : Qui pourrait apprécier un être anti-social, demi-elfe renié de son clan, solitaire et nomade dans l'âme ? Faudrait être fou aussi pour avoir envie de comprendre l'esprit tourmenté d'un jeune homme hanté par la mort de son père.

Il soupira à nouveau, et avant que ses pensées ne s'assombrissent davantage, il promena son regard sur la berge. Alors qu'il revenait à la raison et se disait qu'il était très bien en solo, ses sens affutés repérèrent un objet familier sur les flots du courant. Il s'arrêta net, et s'approcha lentement du ruisseau. Il s'accroupit contre une plaque de glace pour pouvoir glisser sa main dans l'eau glacé du ruisseau. Ses doigts se refermèrent des pétales d'iris. En les retirant de l'eau, son cœur se mit à battre de plus en plus vite. Il se releva graduellement alors que ses doigts tremblants tentait de faire égoutter ces fleurs sensibles. Il secoua la tête, ne pouvant pas croire ce qu'il voyait. Il n'y avait qu'une seule personne dans ce monde qui adorait les Iris et qui en tressait leur tiges pour en faire un bracelet comme celui-ci. Sans compter que ces fleurs étaient intactes même si, pourtant, les fleurs n'avaient pas encore fleuri. Et encore, Thomas ne connaissait qu'une seule personne qui avait le pouvoir de conserver les fleurs pendant des mois. Il murmura faiblement :

- Élizabelle ? Ma soeur ? Pourquoi m'envoyer un signe aussi troublant ?

Il releva finalement la tête et regarda frénétiquement de gauche à droite, s'attendant à voir surgir quelqu'un d'un instant à l'autre pour lui dire qu'il venait d'être piéger par une émission de télé-réalité. Il se sortit finalement de sa torpeur, et serra jalousement les iris entre ses doigts, et commença à longer le ruisseau en sens inverse à la recherche d'une explication logique. Au bout de quelques heures de recherches infructueuses, Thomas se résigna à s'asseoir dans l'herbe naissante, complètement épuisé. Il ramena ses jambes près de son corps et respira l'odeur des Iris pour tenter de calmer son cœur qui s'agitait dans sa poitrine. De doux souvenirs s'empara de son esprit et il ferma les yeux pour se laisser bercer par le souvenir de la voix de ses sœurs et de sa mère... jusqu'à ce qu'il sente une présence qui se rapprochait de lui. Il releva la tête et demanda, plein d'espoir :

- Qui est là ? Élizabelle ? Aria ?

Par ce qu'il entendit de la bouche de cet homme, l'hybride se regarda en se demandant si il avait l'air d'une femme...L'insomniaque de premier rang gratta sa nuque en hésitant à répondre, pusiqu'il se sentait un peu niais de le déranger dans une foret à une heure si...claire. Évidemment, il ne se rappelait plus du jou & de la nuit, c'était semblable pour lui. Obsédé par ses récoltes journalières, un sac pendait sur son épaule gauche, tandis que ses yeux scrutait Thomas.

-Je suis désolé...Je ne voulais guère perturber...votre matinée.

Sincèrement, Sakyr ne parlait que rarement aux autres personnes qu'il croisait. Toutefois, un être qui laisse un lourd silence peser sur une bévue aussi simple ne serait qu'un sot de surcroît lent d'esprit. L'azur se profilait entre les ombres des branches qui composait un macramé fort intéressant sur le visage du jeune damoiseau qui ne fit rien. L'odeur des pétales entre les doigts du jeune homme attisèrent sa rancoeur, son aversion & sa passion illogique. Ses yeux violets aux flammes diaphanes aperçurent l'or de cet ahurissement, cet espoir qui s'effritait au fil du temps. Inflexible, le jeune étranger plia ses genoux au sol pour tenter de voir les effluves de cette fleur.

Alors, son image s'éclaircit dans la pénombre du jour. Des pointes virevoltantes d'un blond obscure ceignaient son visage d'une auréole de feu. Celui-ci, aussi émacié que son corps sous ses vêtements révéla une anomalie évidente : des pointes dépassaient de ses oreilles. Pourtant, il ne donnait aucunement l'impression d'être un elfe ou de quelque ascendance...Un regard inimaginable brillait dans ces iris insondables de folie, car sa voix sarcastiquement mélodieuse demanda :

-Pardonnez-moi, mais où avez-vous trouvé ces pétales? Je recherche cette odeur depuis des jours.

Enfin, il se releva, la mine fugace & arpenta de la pointe affûté de son regard les horizons. Sa chair hâlé flambait d'or, mais la seule véritable conviction de cette illusion se trouvait dans ses yeux impénétrables.

BoyzZz Nombre de messages : 69 Age : 37 Date d'inscription : 08/04/2008

Thomas avait automatiquement baisser le regard en se rendant compte de sa bévue. Évidemment, il ne s'agissait pas de sa sœur. Encore moins d'une femme! Quel idiot, de penser qu'il retrouverait une parcelle de sa famille dans cette forêt si loin de la cité de Borgniel. Il aurait du se relever, jeter ces iris au loin et déguerpir d'ici avant qu'il n'aggrave son cas, mais l'inconnu s'était déjà pencher sur le sol, et même s'il n'aimait pas converser avec des gens, Thomas n'était pas sauvage non plus. Il détailla très brièvement ses traits, juste histoire de voir s'il l'avait déjà en quelque part. Son visage ne lui disait absolument rien, mais il avait l'impression que quelque chose clochait chez lui.

- Des iris. Je doute que vous en trouviez d'autres, et de toutes façon celles-ci sont uniques.

Il hésita pendant un petit moment qui lui parut une éternité. La solution était simple, elle était là, il pouvait presque la toucher du bout des doigts. Il donnerait ce fichu bracelet à cet inconnu, il oublierait ses espoirs stupides et il retrouverait la tranquillité d'esprit. Mais les pétales restaient bien coincées entre ses doigts, et aucun de ses muscles ne voulait lui obéir. Il se leva de terre, histoire d'être à la même hauteur que l'étranger, le bracelet toujours au creux de ses mains, comme si les iris étaient prêtes à être offertes. Thomas chercha à gagner du temps. Si le destin lui envoyait cet inconnu pour le débarrasser de ces souvenirs douloureux, le temps finirait pas le convaincre.

- Pourquoi cherchez-vous des iris ? Vous pouvez toujours aller jeter un œil chez le fleuriste, si vous êtes si désespéré.

Mais un coup d'œil lui suffisait pour savoir qu'il n'était pas comme tous ces autres humains qui se contentait d'aller acheter un bouquet de fleurs de pacotilles chez un marchand pour impressionner les femmes, alors qu'en fait c'est le marchand qui se tappe tout le boulot : de les cueillir, les choisir, les soigner, les couper, les emballer...

L'âme errante prit une distance respectable pour éviter toute suspicion. Déjà, il la voyait cette ombre menaçante qui coulait vers lui tel un fleuve d'hystérie. La question aurait pu le surprendre si la nature huamine n'était point curieuse, mais le misanthrope se contenta de croiser les bras. Une expression invisible & indéterminable dans l'obscurité de ses traits, le jeune homme haussa des épaules, avant d'ouvrir son sac en simple bandoulière.

Dedans, il y vivait des fioles contenant des racines, des millions de fleurs, de petits fruits, un essaim d'essences résidant près des autres sans se mélanger. Le nouveau venu esquissa un résidu de sourire cynique, tout en refermant son trésor sur son épaule droite. Ses mains agiles pointèrent les cieux comme un vassal du bien qui regardait la plus belle créature de l'univers. Son regard aux voiles glacials valsait une romance des mers, lorsque la foudre illuminait d'astres diamantés ses creux violets. Le blanc noyé de flammes d'ébène, le jeune garçon posa ses yeux dans les arbres, mais revint au demi-elfe bien rapidement, d'une légèreté inhumaine.

-Je suis parfumeur, rien de plus.

Une once d'ironie se déversa dans la racine de ses yeux, afin de le trahir.

-Je ne fais que cueillir mes sources moi-même, car je serais lâche d'aller voir le fleuriste pour si peu. Les iris, ainsi que le fleurs d'orangier me permettent de trouver une pointe doucement passionnée...Enfin, j'en trouverai bien d'autres demain.

Il n'allait tout de même pas avouer à un pure inconnu qu'il désirait des iris pour retrouver sa semblable, car il avait désespérément perdu sa trace. Étrangement, un vilain nuage se dessinait dans ses recherches dernièrement si claires. Qui pouvait donc vouloir le priver de sa seule famille, sa dernière espérance? L'âme maléfique à la flamme innocente ne pouvait nier ses dons d'alchimie qu'ils utilisaient pour bien des choses qu'il ne voulait dire...Laissant un grain du curiosité dans cette conversation, Sakyr allait se retourner pour fuir entre les arbres, mais...

Une boule noire chuta des branches pour atterir sur son crâne. D'ailleurs, l'imprévu lâcha des miaulements plaintifs, voir railleurs. L'hybride l'enleva systématiquement se ses cheveux en marmonnant des mots inintelligibles. Deux grandes oreilles en triangle se dressèrent, un pelage noir comme la nuit suinta l'éclat soyeux des étoiles & ses grand yeux pleuraient des émeraudes attendrissantes. La petite bête féline ne vit guère l'autre personnage, alors elle lança subitement :

-Je t'ai trouvé Sakyr! NANANANÈREUH!

Les iris violets foudroyèrent le petit chat aussi gros que ses mains qui se prélassait désormais sur son épaule libre. Un soupir las franchit ses lèvres, lorsqu'il se retourna vers le demi-elfe dans l'espoir qu'il n'ait absolument rien entendu. Pourtant, une voix enfantine scanda :

-J't'ai trouvé ! J't'ai trouvé! Pourquoi tu me laisses toujours toute seule à la maison? J'ai peur des grosses peintures moiiiiiii! OHHH, tu empestes! Avoues que t'as encore passé la nuit à la chercher?

Rageur, il prit l'animal dans ses bras & adressa au jeune inconnu d'un ton mystérieux :

-Pouvez-vous oublier ceci?

BoyzZz Nombre de messages : 69 Age : 37 Date d'inscription : 08/04/2008

Thomas haussa uniquement les sourcils pour manifester sa surprise lorsqu'il apprit le champ d'expertise de l'inconnu. Il était loin de se douter que les parfumeurs se promenaient ainsi dans la nature lorsqu'ils étaient en quête d'une nouvelle odeur. Il eut soudainement l'étrange impression qu'ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre... Et si..?

Mais avant qu'il ne se pose d'autres questions, l'étrange félin avait bondi sur le parfumeur en tirant Thomas de ses pensées. Il rangea précipitamment le bracelet dans sa besace et s'approcha instinctivement de l'étranger et de son curieux animal. Après tout, il avait l'habitude de comprendre les animaux, alors il n'était pas vraiment choqué par ce qu'il avait entendu.

- Alors là.. tu m'en vois bouche bée. J'ai rencontré beaucoup d'animaux dans ma vie, mais un chat qui apprend le langage humain, ça, ça dépasse tout ce que j'ai vu.

Après tout, ce n'était pas très étonnant, puisqu'il y avait également beaucoup de magiciens parmi les élèves de l'université. N'importe qui aurait pu jeté un sortilège à ce chat pour lui apprendre à parler. Mais Thomas ressentait en Sakyr une toute autre puissance que la simple magie de farfadet, voire un peu plus obscure, d'ailleurs.

- T'es pas humain, pas vrai ?

Il posa finalement son regard sur les oreilles du visiteur, comme s'il allait trouver lui-même la réponse à sa question, lorsqu'il trouva enfin ce qu'il clochait chez lui : sous ses cheveux d'or se dessinait vaguement deux petites oreilles pointues. Il attendit tout de même sa réponse verbale avant de conclure trop rapidement.

(J'ai eu une semaine infernale...J'ai manqué de temps, je m'en excuse.)

Premièrement, ses yeux devenus noirs comme des cendres se portèrent vers l'inconnu, car il demeurait encore à ce stade. Il profana son secret de ses phrases, ainsi que ses yeux elfiques percèrent enfin la vérité cruciale. L'abomination caressa le chaton qui manifestement offrait un ton coquenard au ripostant. Ses mains ne tremblaient pas, sa stature frêle se révéla imposante, majestueuse, élégante, certes cet éclat résonna au travers de ses iris : la terreur d'être découvert. Des pupilles félines emprisonnèrent un violet ahurissant, électrisant, alors qu'une marée sombre brisa le blanc entier de l'oeil jusqu'aux foudres insaisissables de cet argent exilé.

- Je suis une erreur de la nature, voilà.

Sur ce, Sakyr lui offrit un regard mystique, certes la petite boule de poil sur son épaule l'empêcha de se défiler en lui plantant ses griffes sur sa mancha avec une férocité enfantine. Aussitôt, un filet bleuté coula en direction de son coude. Sur le chandail rouge, le contraste frappa. Évidemment, le sang royalement azuré se fondit sur sa chair. Le jeune homme arqua un sourire jaune en fixant désormais le petit félin. Celui-ci prit un air piteux en se grattant une oreille...Sa scène ne marcha pas, donc il sauta gracieusement sur l'herbe fraîche. Ses petites pa-pattes griffues cheminèment jusqu'aux pieds de Thomas & il alla se cramponner à sa cheville : ses iris émeraude le dévoraient de curiosité.

- Les apparences ne sont qu'illusions, p'tit chou...Sakyr ne fera que te le confirmer...Je suis une...

- Calli, tes manières sont très impolies.

En prime de monter sur sa jambe, la petite chatte le surnommait déjà. Au comble du ridicule, l'ange-fée installa ses mains dans ses poches, tentant de dresser l'incident de son impatience situé au plus creux de son âme. L'animal perdit contenant au milieu arrivée au genou & tomba rudement au sol -évidemment sur ses quatre pattes- . Un miaulement minuscule témoigna de sa plainte sourde. Elle lécha son pelage, afin de se donner une certaine fierté, malgré que son maître osa s'avancer. Il se pencha & ménagea la bestiole en la prenant dans ses bras. Sensible à un bébé chétif, la chatte s'y blottit & finit par ronronner ; le sommeil venait de l'emporter.

- Qui es-tu?

Le sang d'un bleu comme la nuit imprimait la teinte écarlate de son haut, outre il donnait une incroyable sensation de ne pas s'en rendre compte. Méfiant, son ton le trahissait telle la fureur de ses yeux.