L'innocence assassinée...(Ruby )

La musique résonnaient entre ces murs tel un orchestre diabolique, tandis que le petit peuple dansait fougueusement. Les jeunes dames cherchaient l'attention des jeunes hommes qui se gavaient de bière ou d'un autre alcool tout aussi amer. Les lumières blafardes & aveuglantes rendaient la vision modérée pour les plus éloignés qui tentaient désespérément d'atteindre le bar. Les courtes-vêtues brandissaient avec verve leurs arguments, certes la saoûlerie dominait tous les vices en ce soir où les cieux brillait comme la prunelle de ses yeux.

Dans un coin reclus, un être aux allures sombre sirotait un verre quelconque. Étrangement, personne ne portait quoi que ce soit d'identique à elle, car son style évoquait le charme & le mystère. Une curieuse voulut s'approcher, mais aussitôt un joli damoiseau s'avança pour lui prendre la main. Ils dansaient tous les uns avec les autres, ils se provoquaient tous les uns avec les autres. Provoquant la solitude éternelle de l'hybride, le rideau de perles qui l'entourait se referma en des vagues cinglantes. Un bout de sofa rien que pour elle, seul son regard visible brûlait pareil à astres infernaux. Une robe de soie noire habritait ses jambes pointillées de chaussons de ballerines. Le corsais aux parures d'argent démontrait une certaine classe. Une cape de dentelle entourait ses épaules pour dissimuler la vue de son corps de gitane, dont la capuche recouvrait sa chevelure d'une teinte azurément sombre & magnifique de par ses ondulations titanesques. Un foulard protégeait le bas de son visage et allait rejoindre les flancs d'ivoire lunaire des cieux avec sa couleur.

Soudainement, la dame noire s'édifia de toute sa hauteur & quitta l'antre sombre qui la réconfortait. Le verre vide laissa une immense estafilade sur son côté, alors qu'elle tourbillonnait vers eux. Les pans de sa robe fouettèrent l'air & son corps gracieux s'enfouit parmi eux. Toutefois, un incompétent voulut prendre goût à ses hanches stoïques. Niana quitta sa transe & remarqua son nouvel emplacement d'un oeil méfiant. Il reçut un genou entre ses jambes, pendant que le fruit dangereux allait retrouver son emplacement initial, avant son égarement. Or, la foule ne cacha point une flaque de bière sur le sol. Au dernier instant, elle l'aperçut & bascula. Heureusement, elle n'y toucha guère, certes son crâne se cogna abruptement sur le sol. Un rire tonitruant éclata. C'était elle qu'on regardait, qu'on méprisait dans cette fanfaronnade.

-Dit, tu as peur d'avoir froid avec tous tes voiles? s'esclaffa une fille, dont la jupe si courte cachait avec peine son arrière-train.

-Elle ne doit rien voir, la pauvre! ironisa une seconde tarte.

Désormais, une bonne partie avait remarqué l'offense faite à la femme en noire qui demeura jonchée sur le sol. À demi-relevée, elle écouta & attendit la suite de ces jérémiades. De toute façon, rien ne ferait changer ces humaines, si elle se défendait.

-Dit, tu sais au moins parler?

Un long silence poursuivit l'affront, ainsi qu'un rire - cette fois-ci - général.

Un tintamarre de rires, tous différents, cachaient presque la musique qui auparavant envahissait à elle seule le bar de l'aînée des enfants Waldorf. Derrière le bar, curieuse, elle se leva sur la pointe des pieds pour tenter de voir ce qui se passait derrière ce grand gaillard qui s'esclaffait à gorge déployée.

Une jeune femme, bien que c'était difficile de déceler son âge, gisait sur le sol, cachée par des voiles diverses tandis que pas une seule âme qui vive ne dégnait l'aider à se relever. Sentant la rage monter en elle, Ruby posa sa main fortement sur le comptoir et sauta par dessus le bar et se rendit à l'endroit où la femme voilée se trouvait puis lui tendit la main pour la relever.

Son regard fit un tour circulaire, démontrant son état choqué par leur attitude à tous, une main sur la hanche. Non elle ne les trouvait pas drôle du tout. Ni la situation dailleurs.

- Circulez il n'y a rien à voir! Vous auriez pu l'aider bandes de racailles! Allez oust! dit-elle en poussant deux jeunes hommes qui restaient là sans broncher . Leur sourire niais s'éteignit en une fraction de seconde lorsqu'ils rencontrèrent le regard meurtrier de l'héritière propriétaire des lieux et de ce monde, du moins en partie.

- Vous allez bien? demanda cette dernière en tentant d'atténuer le plus possible l'attention sur elles. C'était déjà assez embarassant de trébucher dans un endroit public, s'il aurait fallut qu'elle en ajoute en portant plus d'ampleur à ce qui était plutôt banal en fait, sa nouvelle protégée risquait de se sentir deux fois plus malalaise...

Son orgueil aurait dû chavirer lorsqu'une humaine venait près d'elle, afin de... l'aider? Une aide? Une humaine voulant aider? Quelle maladie mentale pouvait donc l'habiter! L'héritière d'une part de ce monde n'eut qu'à faire part de sa présence pour incliner le calme & le respect à toute cette foule. Des rires nasillards comme le sien, des regards malsains jusqu'à l'os...L'hybride posa discrètement son regard furtif sur cette main tendue. Elle n'avait pas le choix, car cette nouvelle venue l'avait défendue avec honneur.

Alors, une main de princesse se dévoila. Recouverte de satin, un bracelet de cristal y pendait tout en se reliant aux longues manches ajustées avec soin sur sa peau obstinément voilée. Du bout des doigts, elle s'accrocha à elle ; la surprise devait être à la fois horrible & incompréhensible pour la propriétaire. Sa cliente ne pesait rien d'autre que le poids d'une plume : cette comparaison n'étant point pour la vue esthétique. Cet accroc ne dura que quelques secondes, or Niana se remit sur pied sans la moindre force. Un instant, il y eut un soupir las, un soupir qui supportait un lest énorme. Autour d'elle, l'air devenait étrangement scintillant, sa tenue semblait rayonner. Enfin, ce qu'il s'y cachait. L'être de fantasmes se retourna vers son assaillante avec une grâce surnaturelle. Une voix charmeuse chanta des portées aussi mélodieuses qu'une douce rafale de vent :

-Semblable à une fleur qui s'est faite violemment arrachée de ses racines, Milady.

Les jeunes filles restèrent bouche bée de l'entendre proférer de telles paroles, car elles n'y comprenaient franchement rien. Une voulut parler, mais se remémorant l'apparition de Ruby, elle remballa sa langue & fila. L'être des ombres marcha élégamment près de sa chevalière, prenant de longues minutes pour la jauger. Ses mains se joignirent inocemment, avant de replacer sa capiche pour bien dissimuler son visage. Toutefois, des sphères azurées se mirent à voleter au-dessus d'elles. La belle tendit sa main droite vers Ruby & dit d'une voix douce comme la rosée du matin :

-Je suis Niana, Milady. Également, je me retrouve honorée de rencontrer une personne aussi charmante que vous, mais quel prénom portez-vous?

Évidemment, notre ensorcelée n'avait jamais appris quoi que ce soit sur les Waldorf & les Fox...Une aura envoûtait les plus curieux, une chose mystique qui vous attire, afin de vous empoisonner de son immense pouvoir.

La femme au prénom précieux ne remarqua pas le curieux phénomène se produisant tout autour . Les autres avaient reprit leur fiesta là où ils l'avaient laissé . Tout ce qu'elle se rendit compte, c'était le style particulier qu'avait sa protégée de s'exprimer verbalement. Elle aimait bien et ça faisait changement de : - Hey ma belle! J'veux une bière et des nachos! XD

Brisée, elle était mal et Ruby trouvait cela si triste qu'elle l'emmena vers le coin V.I.P, derrière des rideaux blancs vaporeux. S'y trouvait l'éternel spa, un mini-bar et un divan . L'invitant à s'asseoir, elle se présenta.

- Je me nomme Ruby Waldorf. N'aies jamais peur de venir ici car j'en suis la propriétaire . Enchantée Niana.

Milady? Ça avait un petit côté comique et pourtant très respectueux. Pourquoi comique? Disons simplement que c'était bien la première fois que quelqu'un l'appelait de la sorte! Bien entendu, les gens la respectaient mais l'appelait mademoiselle Waldorf ou madame ou encore miss à la limite mais jamais milady. Il s'aurait sagit d'un homme qu'elle en aurait probablement rougit mais tel n'était pas le cas présent et la 'lady' se contenta de sortir deux coupes d'Hydromel et d'en tendre une à cette hybride dont elle ignorait totalement les origines.

- Ne vous tourmentez pas avec les propos des autres. La différence leur fait peur. Ils sont tous fait dans le même moule et prendre une vraie identité distincte les pétrifie! Vous vous imaginez? Être unique? Ce serait vraiment l'horreur! plaisanta -t-elle en levant son verre pour trinquer.

La proprio, l'aînée des Waldorf venait d'emmener Niana dans SON coin V.I.P? Là où elle emmenait tout ceux qui comptaient à ses yeux? Plusieurs observaient la scène de loin, jaloux et mécontents mais que pouvaient-ils faire à part se plier aux choix de madame? Rien. À part peut-être quitter le bar et avoir l'air complètement ridicule de juger sans connaître.

Ruby Waldorf...

Ce nom lui proférait un grand pouvoir apparemment, mais la jeune fée-ange n'en dit point un seul mot. Elle l'emmena dans un autre coin du bar. Sensiblement, personne ne s'y trouvait & les deux femmes profitèrent d'un bon siège pour leur séant. Peu de temps auparavant, Ruby la rassurait sur sa présence. Avait-elle deviné chaque doute ancré à son âme? Le port de sa méfiance reçut un choc solide à ces mots, car Niana croyait à un rêve. Aussi noyé d'espoir fut-il, quel sentiment pouvait animer une telle charité en elle?

Ensuite, elle offrit gébéreusement une coupe d'hydromel à notre néophyte en matière de social. Peut-être que ces regards jaloux démontraient que l'endroit présent où elle siégeait représentait un trône de choix? Pourtant, une main gantée de soieries diverses emprisonna le verre entre ses doigts. Un sourire se profila sous son énorme foulard ; on ne pouvait toujours rien apercevoir derrière tous les tissus qui encombraient le visage & la peau de la dame. Étrangement, ses mouvements élégants dégageaient une tristesse ancienne parmi une nuit d'azur.

-L'horreur serait d'être une personne mécanique qui ne pense que par l'avis des autres. Je suis malheureusement accoutumées aux rires de...des autres.

Durant de brèves secondes, l'hybride allait s'exprimer en dénonçant injustement la race de la femme qui venait de l'aider. Si Ruby apprenait, si Ruby voyait l'horreur qu'elle venait d'amener dans ses lieux privés...Aucunement, cette dame rayonnante ne voudrait lui parler encore...Pourquoi cette approche soudaine parsemait un tel bien-être sur les lambeaux de son coeur? Ses pensées dérivaient, le silence possédait ses lèvres en un coeur mielleux. Une main abaissa légèrement l'opaque foulard qui enrubanait son visage. Malgré cela, la coupe atteind sa destination, sans qu'une seule parcelle de peau ne soit visible.

-De grâce, je me dois de vous remercier encore.

Prenant coutume de remercier poliment cette offrande, la jeune Angélique scruta l'endroit, curieuse. Toutefois, elle reporta son attention sur sa bienfaitrice & dit avec sa voix cristalline :

-Les gens haient les étrangers sans les connaître. Ils ne se fient qu'à une réputation, une image imposée ou un regard pour identifier leurs proches. L'humanité ne se parle jamais, car elle éprouve une phobie constante de trouver des perles dissemblables à sa norme. Pourtant, par mégarde, nous proférons tous un jour ou l'autre une haine injuste à une personne. Souvent, ce sentiment nous pousse à tuer une vie ou encore...Cette haine pourrait cacher un amour irrévocable envers ces personnes.

Après ce monologue discontinu, Niana reprit quelques gouttes d'hydromel, avant d'oser ajouter :

-Voici un bel état qu'est le mien...Comprenez-vous, Milady Ruby?

- Ne me remerciez pas... Je ne le mérite pas vraiment. pensa tout haut Ruby qui, au fur et à mesure que son interlocutrice expliquait la plus grande loi fondamentale du monde : aimer son prochain. Elle-même était l'une de ceux qui jugeait sans vraiment connaître quelqu'un, voir une famille entière et tout ça pour ce qui était en réalité un gros malentendu et surtout, une soif de pouvoir inutile.

Lorsqu'elle parla de masquer un amour par la haine, ce fut le coup de grâce. Au lieu de sa rage habituelle face à cette situation saugrenue, la belle ouvrit la bouche pour dire quelquechose mais rien n'en sortit. Ses yeux s'humidifièrent légèrement et sa bouche se referma. Elle n'allait tout de même pas pleurer devant une inconnue?

- On dirait bien que vous avez su toucher mon âme avec vos paroles. Voir en moi comme dans un livre ouvert mais bien entendu... C'est impossible. poursuivit-elle à penser tout haut. Elle ne divulguerait pas son plus grand secret ici, avec cette inconnue, même si l'idée était franchement tentante. Surtout que de parler à quelqu'un de totalement neutre dans cette histoire de fou pourrait peut-être lui apporter réconfort et un brin de sens et de réponses à tout ça.

Hésitante, elle trempa ses lèvres dans sa coupe et songea à Jason une fraction de seconde. Pas comme à son habittude. Elle fit abstraction de son nom de famille et de sa rage. Ruby ne fit que l'imaginer, comme une personne parmis tant d'autres. Son coeur s'affola. Devrait-elle vraiment taire ce coeur à jamais? Baissant les yeux au sol, honteuse, elle essuya une larme du revers de la main.

- Je comprends tout-à-fait ce que vous voulez dire...

La jeune fille près d'elle offrit la vision d'une larme à notre belle qui demeura inertement surprise derrière les pans de ses voiles. Une humaine dans la force de l'âge lui servait cette petite étoile lors d'une opinion personnelle sur la vie humaine. Elle s'avança légèrement pour mieux voir ses yeux humides, la sensation d'un coeur vivant sous cette chair, la honte qui se lisait sur ses traits de nymphe. Une créature aussi sensible, aussi belle, aussi tendre, ne méritait que pour port cette race. l'unique traîtresse fut effacée, lorsqu'elle approuva ses dires déjà antiques.

D'abord, l'hybride observa son intercolutrice. Elle avait l'air si froide derrière ces tissus sombres, ces tissus qui envoûtaient l'innocence & la curiosité. Elle ne voyait pas les pensées des gens, car ses mots ne constituaient en fait qu'un simple avis sur les caractères modernes de la populace. Niana aurait voulu donner une plume noire à cette Dame, mais pour un tel présent il fallait un échange commun : sauver sa vie. Une guerre d'usure torturait les flancs de son âme emmurée qui se contenta de demeurer aussi neutre que la plus chérie des Milady, la lune. L'ombre des coeurs grandit, leur valse immortalisant l'infini, des lumières jaillirent de l'obscurité.

-Pourquoi avez-vous si honte, Milady? Quel mal vous rongerait au point que de pareils remords vous accablent? Observer une si belle fleur se faner ne me laisse guère de froid comme ses voiles vous le laisseront croire...

La méfiance tomba au sein de ce torrent qui la poussa à parler, à empêcher l'éclosion de ses mots. Ils noyèrent son être d'une rage impuissante de ne pouvoir donner le sourire à Ruby...Silencieuse, elle ramena ses genoux contre elle en tremblotant. Tout à coup, un froid intense la prit, la musique perdait de sa densité & seule le bruit atroce de profonds sanglots la hantaient. L'hybride secoua son crâne et reprit une psoture plus convenable. Par contre, le mouvement imprévu avait déplacé les voiles empêtrés sur sa gorge. La brillance de sa peau se révélait enflammée telle une mer charmant sa lune. En quelques secondes, le cachemire d'un gris sombre tourna à l'azur puis à l'or, avant de se neutraliser vers un bronze vermeil. C'était un maëlstrom continu d'un arc-en-ciel vivant. Sa peau brûlait d'un cristal éphémère, alors qu'une myriade d'éclats irisés libérait la fureur de ces reflets sur cette dame, dont la gorge à elle seule aurait pu illuminer les cieux.

-Pardonnez-moi, je ne voulais guère vous porter préjudice.

Sa voix sembla se coincer dans sa peine. Un étranglement de sentiments trop longtemps réprimés l'envahissait totalement alors qu'elle se battait intérieurement contre elle-même pour garder le sourire, frémissant aux coins de ses lèvres. Cet être tout près d'elle ne méritait pas qu'elle la rendre encore une fois malalaise.

- Je suis désolée. Je ne devrais pas ... Je suis désolée. Ma famille a trop longtemps fait preuve d'une rigidité absolue pour ce qu'il s'agit de parler de ce qui me rend comme...Ça. Mon père en fait. Surtout lui.

Les mots déferlaient déjà tel un torrent se déversant puissamment dans une mer glacée, y laissant entrevoir où le choc des deux consistances d'eaux, le brisement de la glace. Le dévoilement de quelquechose de tellement limpide, de clair, qui coulait de source. La vérité.

- Nous sommes en guerre pour quelquechose de tellement stupide à la base... Mon père ne veut pas entendre parler d'une trève et moi... Moi j'aime le fils de l'ennemi de mon père.

Elle pouffa d'un rire nerveux. Le fait de le dire à voix haute plutôt que dans sa tête...

- J'ai tellement voulut ... Plaîre à mon père qu'en bout de ligne j'ai agit comme lui avec ce garçon. Je ne voulais pas montrer ce que je ressentais et voilà le résultat. Il me hait. Excusez-moi. Je n'ai jamais pu le dire à quiconque. J'imagines qu'il fallait que ça sorte.

Voilà. Maintenant c'était elle qui était malalaise. Malalaise mais tout de même libérée en quelquesorte de ce poid.

-Désirez-vous entendre mon souhait le plus cher en cet instant, Milady?

Une voix nasillarde émit un rire coquenard en elle-même, puisqu'elle allait prochainement exprimer une volonté. Celle qui se tait voulait parler sincèrement.

-Cessons immédiatement de nous excuser l'une envers l'autre comme si le simple fait de vivre était un péché.

Donc, elle poursuivit son récit familial en exposant la particularité de la situation. Aimer le fils du pire ennemi de son père? Si Niana aurait connu ces sentiments, la certitude qu'elle conseille cette jeune dame aurait augmenté, sauf qu'un long silence s'installa. Nonchalament, la belle prit une main de Ruby dans la sienne & dit d'un ton doux, amical :

-L'amour est une chose rare & unique, il nous blesse comme il nous guérit. Milady Ruby, vous êtes douée d'une liberté que vous n'arrivez point à imaginer! Cet amour que vous ressentez n'est pas une malédiction, c'est votre coeur qui le désire, c'est vous qui le désirez. Je ne puis que vous dire que votre paternel serait le plus ingrat des pères, si il n'arrive guère à vous respecter.

L'hybride rompit le contact, espérant secrètement avoir porté un certain réconfort à Ruby. Une espérance vaine, qui consuma cette rage en elle. Un brasier éclata, une tempête dévastée, un univers réduit à néant pour son amour. La fée angélique abaissa sa capuche & retira son immense foulard de soie, libérant une vue impeccable sur son visage. Un teint d'or, des oreilles pointues qui ressortaient parmi les boucles noires près de ses joues émaciées. Un regard d'un vermeil impérial insuffla sa vérité à l'humaine, car les rubans de nuit composait des perles irisées à l'infini sur ces mers inconnues d'un mauve incongru.

-Regardez-moi. Une seule fois. Agissez selon ce que votre coeur vous dit & non ce que votre père voudrait! Vous n'êtes point un pantin!

Elle se tut un moment, soudainement remplie d'une bravoure qu'elle croyait perdue en qui attrait à la vue de sa peau.

Bon nombres d'humains auraient fait bien pire que de ricaner bêtement comme lorsqu'elle avait trébuché en voyant enfin son visage d'hybride si difficile à qualifier mais cette jeune femme si différente des autres Waldorf bien que sa famille l'ignore, avait vécu en ces terres depuis sa naissance et sa curiosité légendaire lui avait fait découvrir une myriade de races et de cultures différentes, de créatures et de formes de vies que la vue de Niana ne la troubla point.

Fascinée par l'éclat de sa peau, par cet être si magnifique dans sa différence, Ruby délaissa son air boudeur pour reprendre son sourire que tous appréciaient généralement. La sagesse de Niana ( ou sa logique ) , redonnait un brin d'espoir à la jeune femme. 22 ans déjà et pourtant elle s'était sentit si jeune et naïve devant ce père qui , d'années en années, semblait animer de plus en plus la folie dans ses yeux bleus clairs. Ces yeux où sa fille ne reconaissait plus l'amour qu'il avait pour ses enfants ni même sa femme. Sa rage prenait toute la place et plus personne n'osait l'approcher. La folie le rongeait mais l'allégeance de ses sujets tenaient encore bon, malgré tout.

Serait-elle traîtresse de donner son coeur à Jason Fox? Non... Serait-elle traîtresse de vouloir sauver son père de lui-même? Non... Serait-elle traîtresse de ramener dans la bonne voie ce peuple si cher à son coeur? Non... Pourtant sa famille verrait en elle une véritable traîtresse si elle osait non seulement rejoindre le clan Fox en quelque sorte, détrôner son père et emmener à elle le peuple . Certe cela sonnait la pure traîtrise mais il n'en était rien, à part pour l'oreille de celui qui ne voulait rien entendre.

Les drôles d'incantations dites par le patriarche Waldorf avaient bel et bien été entendues par sa fille aînée et malgré son jeune âge, elle savait reconnaître la magie noire. Il devenait de plus en plus urgent de trouver un moyen de tout découvrir et de contrer le mal que tentait de faire revivre son père...

Pour l'heure parcontre, Ruby tenait à demeurer dans la légèreté et sourire était ce qu'il lui restait de plus précieux.

- Vous avez totalement raison. Cessons de nous excuser, cessons de voir tout en noir et cessons... De ne voir que nos différences! Cherchons plutôt ce qui nous unie!

Levant son verre bien haut, cela deviendrait le 'toast' le plus approprié de Secret World en ce moment. Presque un instant de bonne politique! En cette nuit, Ruby aurait gagnée bien des votes pour devenir la nouvelle reine de Secret World. Même si cela n'était pas son but. C'est cela justement qui faisait d'elle une reine potentielle parfaite.