Un réveil cocasse...(Ethan)

La nuit règnait sur eux, pauvres humains. Elle chantait l'or & l'argent des fantasmes, alors qu'une nappe d'eau cimentée s'ouvrait au reflet gigantesque de cette beauté. La magnifique, l'unique & terrible demeurait sans ombre dans son noir immaculé. Ces lèvres muettes filaient vers son oeil imposant, l'astre le plus évident. La perle, le bijou de la terre, ce grain de poussière voletait cérémonieusement au-dessus de la ville, au-dessus de ces mondes à la fois pures & vils.

Un enclos de fer barrait la visite aux mystérieux qui désiraient profaner l'interdiction de se baigner dans la noirceur des humains majoritairement diurnes. Toutefois, le cadenas des barrières jonchait au sol avec son immense chaîne rouillée. Les dalles blanches pareilles à des coquillages bordaient une magnifique piscine dans laquelle flottait une personne endormie. Mouillée, tremblante, sa chair sans couleur précise variait de l'azur au doré sans négliger des millions de flammèches irisées. La taille menue & chétive s'enfonçait dans l'eau, seul le buste survivait à l'air libre.

Le souffle calme de l'enfant des roses démontrait l'auréole d'une longue chevelure autour d'elle. Des boucles noires cascadaient dans cette petite parcelle de mer en y répandant des sphères de cristal qui brillaient autant que cette lune. Cette femme calligyne & aux ports plantureux laissait des tissus soyeusement glacials peindre son corps d'élégance. De surcroît, un corsage dentellé des nuages, ainsi qu'un satin tout aussi candide sur ses cuisses. Les yeux clos, des oreilles pointues trahissaient l'humanité.

Soudainement, elle se réveilla en sursautant. Niana battit des bras & des jambes pour s'éviter de couler. Ramenant ses mains sur ses épaules, la belle atteind rapidement la pierre pour se redresser hor de l'eau. Fière sur son séant, elle admira le miroir liquide renvoyer le ciel, comme si il prenait le temps de se regarder pour s'admirer lui-même. La petite rebelle délaça son corsais, laissant les jupons tomber mollement sur ses chevilles. Prenant un gros tas de serviettes, tout en prenant soin d'en laisser une tonne, elle en revêtit une & trempa ses pieds dans l'eau, déjà plus chaude que l'air frais. Une main délicate essora ses boucles noires déjà imposantes dans la courbe de son dos, ses iris noyés de parures violettes aux voiles enflammés, lorsqu'un bruit de pas vint vers sa carcasse trempée. Elle se figea instantanément sur place.