* L'arôme interdit .

Vampire Nombre de messages : 6 Age : 37 Date d'inscription : 28/04/2008

Alìce incarnait, ce matin là, l'enthousiasme même. Incarnait, ou plutôt feignait d'incarner... Car les tremblements de sa lèvre inférieur trahirent sa nervosité.
La veille, la jeune vampire avait pris soin de se nourrir dans l'une des forêt avoisinant la ville, buvant même plus que nécessaire.
Si les gardes-chasse constataient une baisse soudaine du nombre de cerfs dans leur forêt, ils n'allaient sûrement pas soupçonner un vampire. Un loup, peut-être?
Certes elle avait combattu avec hargne pendant 72 ans contre la tentation, mais un faux pas pouvait survenir à tout moment.
Alìce pénétra donc dans l'enceinte de l'établissement, s'efforçant de peindre sur son visage un masque de sérénité trompeur. Posant un pied hésitant dans le hall, elle inspira un bon coup, réflexe qui cette fois-ci n'était pas le bon. Des effluves métalliques s'engoufrèrent dans son nez, chose qui aurait suffit à faire palpiter son coeur -si celui-ci battait encore.
Elle tourna instinctivement son visage sur sa gauche : un jeune étudiant, appuyé contre l'un des poteaux supportant le toit, rêvassait, inconscient de la créature qui le fixait avec avidité. L'espace était confiné, et ici il n'y avait aucun vent pour balayer les odeurs trop tentatrices.
Bloquant sa respiration artificielle, Alìce s'efforça de détourner son regard et traversa, plus rapidement que prévu, le hall d'entrée. Si elle ne faisait pas attention, elle allait utiliser sa rapidité vampirique et quelqu'un d'attentif la prendrait en flagrant délit.
Elle ignorait encore si les étudiants savaient qu'au sein de l'établissement, étudiaient aussi des créatures telles que des vampires. Peut-être qu'elle était la seule à vouloir tenter le diable? Peut-être que les autres vampires -s'il y en avaient-, avaient préféré camper plus loin et éviter l'abondance de jeunes humains fraîs?
Faisant le vide dans son esprit, la nouvelle étudiante se dirigea vers les casiers.
Poussant la porte qui la guiderait vers le bon couloir, elle faillit heurter de plein fouet un autre étudiant qui portait livres et cahiers. Elle s'arrêta devant lui, les pupilles dilatées comme celles d'un chat en pleine nuit.
Se pinçant instinctivement l'arête du nez, et décampa sans mot dire.
Arrivée aux casiers, elle s'appuya contre l'un d'entre eux, se permettant d'enfin respirer. Le pauvre étudiant qu'elle avait fui devait sans doute se demander s'il n'émanait pas de lui des effluves de transpirations désagréables pour que la jolie jeune femme eus déguerpi avec pareille rapidité. Il ne se doutait sans doute pas qu'au contraire, il dégageait un arôme bien trop tentateur.
Plusieurs étudiantes passèrent devant elle, et elle dû détourner son visage encore une fois. S'il y avait eu une brise, rien qu'une seule, pour rafraîchir ses idées...
Elle aurait dû s'y accoutumer, mais au lieu de cela, elle fut envahie par l'odeur ravageuse du sang des étudiants, qui allaient abondament à leur casier puis repartaient, d'un pas hâtif, envoyant dans sa direction leurs irrésistibles émanations.
Désorientée, elle se mit à chercher une sortie du regard. Un coin frais ou les étudiants porteraient des écharpes à leur cou pour éviter de provoquer, inconsciemment, la soif de la jeune femme.
Car si elle avait su se calmer durant une cinquantaine d'année, se retrouver dans un lieu fermé avec un surnombre d'humains appétissants était une épreuve qu'elle avait redouté de ne pas savoir surmonter.
Et la tournure des choses la prit au dépourvu.
N'empêche, quelle inconsciente elle faisait!
Mais elle avait voulu essayer, juste pour voir l'effet que ça ferait...
Oh, et puis elle pourrait bien en mordre un, non? Rien qu'un seul... dans cette grande université, on ne s'en rendrait compte que demain...

Son teint était encore plus blafard qu'a l'accoutumée. Sa peau de porcelaine, parfaite et à l'apparence si douce, contrastait avec la couleur criarde du casier contre lequel elle était appuyée. Ses prunelles, argentées et pétillantes, intensifiaient son expression désorientée.
Heureusement, ne restaient dans le hall que deux étudiants, qui se portaient loin d'elle. C'était sûrement une bonne chose pour eux et ça leur permettrait de revenir sains et saufs chez eux, ce soir.